L’espoir de la petite barre rose

J’ai vu la petite barre rose. Vous savez, celle que je guette depuis trois ans, celle  dont l’absence m’a fait dire maintes et maintes fois « non les tests de grossesse très peu pour moi ; ça porte malheur ces machins-là alors moi je n’en achète plus ».
Peut-être que cette petite barre rose m’a effectivement porté malheur. Parce qu’au final, je n’ai fait que l’entrapercevoir pour un retour express à la case départ. Mais l’espace de quelques jours, elle m’a quand même fait bien chaud au cœur.

J30 : pas de spottings. Tiens c’est curieux. Depuis la PMA et mes cycles devenus bizarres, j’ai toujours des spottings à J30, pour des vraies règles à J33. Bon, ne nous emballons pas, j’ai dû ovuler plus tard que prévu.

J33 : pas de règles et toujours pas de spottings non plus. Par contre j’ai les seins bien douloureux, comme en fin de cycle ou comme… Non, ne nous emballons pas.

J36 : toujours rien à l’horizon, à part un espoir grandissant qui prend de plus en plus de place. Trois jours de retard (ou sept, si on prend en compte les spottings). Alors je renie mes promesses passées et me décide à sauter le pas. Quitter cette douillette incertitude qui me promet monts et merveilles pour être fixée. Pile ou face. Le meilleur ou le pire.
Je dégote un test de grossesse au milieu de mon gros sac de médicaments PMA. Et j’attends. J’attends. J’ai le cœur qui bat à mille à l’heure, preuve s’il en faut que pour une fois, j’y crois. Et la petite barre rose finit par apparaître. Elle est toute pâle, mais elle est bien là. Mon Dieu.
Je passe le reste de la journée dans une drôle de sérénité. J’analyse la situation rationnellement, calmement. D’un côté je me vois enceinte, miraculeusement enceinte sur cycle de pause, comme ça n’arrive que chez les autres. Je me vois mener une grossesse à terme, et accoucher d’un beau bébé en octobre prochain. Une année 2017 entière de bonheur. Je nous vois échapper aux examens à venir, je vois la PMA enfin dernière nous. Trois années de galères pour une grossesse finalement miracle et spontanée.
Mais d’un autre côté… D’un autre côté je garde en tête la pâleur de la petite barre rose. Cette pâleur qui ne peut vouloir dire que deux choses : soit j’ai ovulé bien plus tard que d’habitude, soit… soit c’est déjà le début de la fin.

J37 : je refais un test de grossesse ; la petite barre rose réapparaît, mais encore plus pâle que sa sœur de la veille. Au fond de moi je comprends. Et malgré tout je m’accroche à ce doux rêve qui me porte depuis vingt-quatre heures. C’est si bon d’y croire…

J38 : il est temps de regarder la réalité en face : je fais une prise de sang avant d’aller au boulot (sans ordonnance… le comble de la PMette). Le couperet tombe à midi : taux à 9ui. Même pas la primeur d’une décimale. Si j’avais fait un test de grossesse ce matin-là, la petite barre rose n’aurait même pas daigné apparaître.

Voilà. Back to PMA. J1 ne devrait pas tarder, et avec lui le lancement des examens demandés par Hope. Retour à la vraie vie et aux hostilités.

On est déçus bien-sûr. On a eu le temps de s’imaginer le meilleur pendant cette longue semaine de retard de règles. Mais on est étrangement heureux aussi. Heureux et incrédules que pour la première fois en trois ans, il se soit passé quelque chose dans mon ventre.
Alors c’est sur, ça ne nous apportera pas un bébé pour dans neuf mois. Mais ça nous donne l’impression (peut-être complètement fausse, ceci dit…) qu’on est sur la bonne voie. L’impression qu’on suit à la lettre la prédiction de notre lanterne volante du premier de l’an : après quelques contre-temps, la lumière sera peut-être enfin au bout du chemin…