Une cruche, un pamplemousse et des spottings

FIV 3
C’est l’histoire d’une fille qui rêve de fonder une famille depuis trois ans et demi. Qui continue à y croire chaque mois lorsque son test d’ovulation vire au cramoisi. Et qui éternellement se prend un mur lorsque les spottings débarquent. Elle est cruche aussi, cette fille.

C’est l’histoire d’une fille qui a démarré les traitements pour une FIV 3, et qui se demande bien comment ils ont fait pour en arriver là. Ce truc là, la PMA, ce n’est pas censé n’arriver qu’aux autres ? Un machin qu’on regarde de loin à la télé, moitié fascinée moitié flippée, en se disant « Oh ils sont courageux… Moi je n’aurai pas pu supporter tout ça ».

C’est l’histoire d’une fille qui avait sympathisé avec quatre autres quand elle s’était lancée dans la grande aventure des essais bébé (il y a trois ans et demi, donc). Les quatre autres ont tour à tour été enceintes, puis mamans. WhatsApp est peu à peu devenu un fil de puériculture, alors la fille a disparu l’été dernier sur la pointe des pieds. Exit, les copines des essais bébé.

C’est l’histoire d’une fille qui aurait besoin d’une bonne cuite dans une ambiance enfumée et survoltée. Qui commence à se demander si elle ne virerait pas alcoolique car cette bonne cuite, elle en rêve de plus en plus souvent. Heureusement, son médecin veille au grain : « l’alcool nuit à la fertilité, alors pas plus de deux verres par semaine ». La fille noie donc régulièrement son désespoir dans le jus de pommes. On repassera pour l’ivresse.

C’est l’histoire d’une fille qui fait des rêves fous depuis maintenant une semaine. Elle hésite à accuser le Provames.
La nuit dernière, elle avait avalé un pamplemousse tout rond et il formait une petite bosse sous son ventre. Ça ne l’inquiétait pas vraiment, cette bosse de pamplemousse, mais ça l’embêtait de devoir se racheter une garde-robe.
La nuit d’avant, elle avait remonté une rivière en compagnie d’éléphants de mer. Ils pensaient qu’elle faisait partie des leurs, mais elle, elle voyait bien qu’elle n’avait pas la peau gluante et rugueuse comme eux.
Dans le fond, la fille aime bien vivre de folles aventures la nuit. Mais ce qu’elle aime moins, c’est les réveils tristes avec cernes, larmes et fatigue.

C’est l’histoire d’un couple qui avale tellement de comprimés à eux deux le matin qu’ils ont fini par avoir une bonne crise de fou rire. 5 comprimés, 2 gélules, 1 ampoule, 3 gouttes. Presque plus de place pour un vrai petit déjeuner après tout ça.

C’est l’histoire d’une fille qui réalise que les blogueuses PMA qu’elle aimait suivre ont presque toutes disparu : soit parce qu’elles ont fini par trouver leur Graal personnel, soit parce qu’après plusieurs années elles ont eu la sensation de radoter et ne voyaient plus l’intérêt d’écrire, soit parce qu’elles sont ressorties de tout ça le cœur brisé et les bras vides.
Et l’évidence qui s’impose : la fille ne se contente pas d’être en PMA, elle fait partie des vieux de la vieille. C’est une expérimentée de la PMA. Et ça, ça lui fout bien les jetons quand même.