J’avais oublié

Aujourd’hui c’est mon anniversaire. 34 ans, le ventre toujours aussi vide et le cœur bien lourd.
Aujourd’hui j’ai fait un test de grossesse, négatif évidemment. Le miracle ne s’est pas répété malgré un test d’ovulation cramoisi à J15 – du jamais vu pour moi et mes ovulations tardives.
Aujourd’hui j’ai vu le numéro de Hope s’afficher sur mon téléphone. Mon cœur a manqué un battement. Comme tous résultats génétiques, nos caryotypes ne nous seront pas transmis directement. Hope avait promis de nous appeler en cas de problème. Je décroche : le prochain rendez-vous est décalé d’une semaine pour cause de congrès. Je respire. La secrétaire me trouve bizarre et demande en rigolant si elle m’a tirée du lit. J’ai juste frôlé la crise cardiaque en nous imaginant propulsés en parcours Don d’embryons en République Tchèque.
Aujourd’hui j’ai le cœur en berne et je broie du noir. J’avance sur les dossiers laissés par ma collègue enceinte tel un vaillant petit soldat fidèle au poste. Le congé maternité dont elle profite demeure pour moi un rêve inaccessible.

J’avais oublié comme l’espoir peut être pénible à vivre. J’avais oublié les jours à guetter l’ovulation, les câlins sur commande, la frénésie des DPO, la chute en fin de cycle, la fatigue morale qui s’en suit.
Depuis la débâcle de la FIV1 et la découverte de la mocheté de mes ovocytes, nous avions tout simplement arrêté d’y croire au naturel. Neuf mois de repos mental qui quelque part nous ont fait un bien fou.
Il aura suffit d’une fausse couche précoce et de quelques paroles encourageantes de la part des médecins pour que la machine à espoir reparte et s’emballe. J’avais oublié. Cela ne m’avait pas manqué.