Vous êtes Normale

J1 a fini par arriver, en mode douleur et hémorragie. Je crois que mon endomètre a cru encore plus fort que moi en cette grossesse éphémère. Il s’est accroché jusqu’au bout le bougre. Moi qui ai si souvent douté de lui par le passé (entre la phase lutéale courte et les spottings, faut dire qu’il m’en a souvent fait voir de toutes les couleurs), je lui tire aujourd’hui mon chapeau. Quarante-deux jours sans faiblir ni ciller, il peut être fier de lui.

Qui dit J1 dit arrivée deux jours plus tard de J3 et lancement des examens demandés par Hope : une liste longue comme le bras de prises de sang en tout genre et une échographie pelvienne.
J’ai décidé pour l’occasion de m’octroyer une journée pour moi : au lieu de courir version labo-boulot-écho-boulot sous le regard interrogateur de mes collègues, j’ai plutôt choisi de poser une RTT et profité de quelques heures d’oisiveté en solo (merci ma Chef chérie de me l’avoir accordé au dernier moment sans même rechigner sur le fait qu’on soit « en vacances scolaires »).

[Clin d’œil d’un magasin de déco]

Après une longue attente et une prise de sang à jeun dans un laboratoire parisien (« il y a 102 euros non pris en charge » me réclame la secrétaire ; « ça va faire beaucoup de tubes » me prévient la laborantine), direction le cinéma : Lalaland en mode petit déjeuner (un thermos de thé et une grosse part de gâteau aux pommes maison dans le fond de mon sac en prévision). Lèche-vitrine, déjeuner sur le pouce, shopping (achat d’une jupe et d’une robe) puis retour dans les beaux quartiers pour l’écho. Rentrée à la maison à 17h30 avec l’impression d’avoir bien profité de ma journée malgré les interludes PMA.

Et la PMA, justement, qu’est-ce qu’elle nous dit ? Ben qu’on ne sait pas trop où on en est parce que je n’ai pas (ou plus ?) les ovaires polykystiques.

Septembre 2014 : vous voyez le collier de perles au niveau de votre ovaire ? Vous avez des ovaires micro-polykystiques : 15 follicules à droite et 18 à gauche, c’est beaucoup trop.
Mai 2015 : oh le beau nid d’abeilles ! Vous avez des ovaires polykystiques.
Août 2015 : vos ovaires sont légèrement en suractivité au vu de votre âge, mais pas polykystiques non : 10 follicules à droite et 12 à gauche, c’est élevé mais quand même dans les normes. A la rigueur on pourrait dire multifoliculaires, mais pas polykystiques.
Juin 2o16 : vous nous avez fait une FIV1 d’OPK. On va adapté le protocole pour la FIV2.
Janvier 2017 : c’est pas clair tout ça, vous faites des FIV d’OPK sans vraiment l’être alors on va revérifier. D’autant que votre dernier bilan a été fait il y a un an et demi, ça commence à dater.
Février 2017 : ovaires de taille standard, 8 follicules à droite et 9 à gauche… Vous n’avez pas du tout les ovaires polykystiques. Vous êtes complètement… normale !

Ha la normalité… tout un concept. Traduit dans nos têtes, ça donne :
– Comme le vin je me bonifie avec le temps, on va gertruder Chéri tu vas voir ! D’ailleurs on a réussi pour la première fois à faire virer un TG, si c’est pas un signe qu’on est sur la bonne voie ça ! (version optimiste)
– Bon ba on n’est pas plus avancé… Y a plus qu’à attendre les autres résultats… (version réaliste)
– Et voilà on patauge en pleine infertilité inexpliquée. On galère depuis trois ans, nos embryons sont tous moches et on ne sait toujours pas pourquoi. Comment trouver la solution quand ne sait même pas quel est le problème ?! On n’est pas près d’y arriver… (version pessimiste)

Voilà voilà. On va se concentrer sur la version réaliste, c’est sans doute le plus sage pour notre santé mentale. Et puis attendre, on connait. Alors ça devrait être dans nos cordes.