Blog PMA·FIV 1

DPO FIVesque

FIV
Après la ponction, j’ai eu beaucoup à raconter. La joie d’avoir de nombreux ovocytes, le doute face à si peu de zygotes, le soulagement euphorique du transfert, la déception de ne pas avoir de bonus congelés, l’inquiétude que ceux transférés n’aient pas été plus vaillants que leurs frères de la banquise, le dénouement si amer. Beaucoup d’événements, beaucoup d’émotions en peu de temps.

Ce qui fait que je ne vous ai même pas raconté mes DPO.
Les premiers jours, j’avais la tête ailleurs. Plus exactement, j’avais la tête sur la banquise. Sans que je ne me l’explique, j’ai beaucoup plus pensé à mes embryons bonus qu’à mes transférés. Peut-être parce que l’échéance était plus proche ; on allait avoir de leurs nouvelles à eux avant de savoir pour les autres.
Et puis, il faut bien le dire, mon corps était comme un étranger : je ne reconnaissais aucun des signaux habituels. Je ne me sentais pas en DPO, mais juste en post-ponction.

Lors du dernier contrôle folliculaire (soit deux jours avant la ponction), ma Gyneco PMA m’avait appris que mes ovaires faisaient à peu près la taille de pamplemousses. Ce qui m’avait laissé perplexe car mon ventre était alors ultra plat. J’avais par contre l’impression que deux marteaux-piqueurs avaient élus domicile à leur place : à chaque pas, à chaque changement de position, ils se mettaient en marche et résonnaient en pesanteur. Ça oui, je les sentais. Mais extérieurement, rien ne laissait deviner une forte stimulation. Où se cachaient donc mes ovaires pamplemousses ?!
Ce n’est qu’au lendemain de la ponction que mon ventre a commencé à gonfler. Un comble ! On le libère du trop plein de follicules et lui, il gonfle !

Les marteaux piqueurs se sont faits plus discrets au fil des jours. Mais mon ventre, lui, a continué à enfler. Et à me tirailler.
J’avais déjà entendu parler du risque d’hyper-stimulation propre à la FIV. Je savais qu’il était rare, et qu’un simple ventre gonflé ne suffisait pas à s’affoler. Et comme je n’avais aucuns autres symptômes, j’ai décidé de ne pas m’inquiéter (pour celles que ça intéresse, le syndrome HSO – Hyper-Stimulation Ovarienne – est expliqué bien mieux que je ne saurais le faire par la bloggeuse Loosequeen).

A DPO 5, l’annonce de la perte de tous nos bonus nous a bien ébranlés. On le redoutait, on s’y était préparé, mais quand même… Je n’osais plus penser à ceux dans mon ventre. Je me disais qu’ils étaient peut-être déjà morts, et je me sentais bête quand je leur envoyais mes encouragements. Et puis j’ai fini par me dire qu’il valait mieux vénérer des morts qu’ignorer des vivants. Alors j’ai tenté malgré le doute de leur communiquer toutes mes ondes positives.
Mais j’avais la tête un peu ailleurs. Mon bas-ventre était énorme. Assise, j’étais obligée d’ouvrir le bouton de mes jeans. Je commençais à en avoir plus qu’assez de mon look de baleine. Mon ventre me tirait, je me sentais hideuse et grosse. J’alternais entre deux pulls amples pour me camoufler.
Encore une fois, je n’y ai vu aucun signe de grossesse ; juste la preuve que j’étais bel et bien en FIV et que mon corps n’appréciait pas des masses la plaisanterie.

A DPO 11, enfin, j’ai dégonflé. Ou plutôt je me suis vidée, car j’ai littéralement eu l’impression de passer ma journée à faire pipi. Des litres et des litres et des litres. Et ainsi allégée, j’ai soudainement pris conscience du temps écoulé.
J’étais en DPO. Et plus très loin du verdict. La Psychota qui sommeille en moi s’est alors réveillée.

Mes seins qui dégonflent habituellement à DPO 12 étaient toujours là, fermes et douloureux. J’essayais de maintenir le cap de la raison en me disant que les traitements pour la FIV étaient plus forts que ceux de la IAC, et qu’ils dégonfleraient peut-être avec un ou deux jours de retard… Mais sans conviction. Je voulais  croire à un signe. Je m’accrochais à mes petites bulles d’espoir aussi fort que je le pouvais. Je ne voulais pas replonger dans la sempiternelle angoisse « on n’y arrivera jamais, on ne sera jamais parents ». Je ne pouvais pas. J’en étais sure, je ne tiendrais tout simplement pas le coup si cela nous arrivait…

A DPO 13 au réveil, mes seins tendus étaient toujours là.  Alors, et même si j’avais depuis longtemps pris en grippe les test pipi, je me suis dit de deux choses l’une : si c’est positif je serai la plus heureuse des FIVettes ; si c’est négatif j’arrêterai officiellement de psychoter et me préparerai à encaisser l’horrible 1 ui habituel du lendemain.
Et bien vous savez quoi ? J’ai perdu sur toute la ligne : ca a été négatif et j’ai psychoté quand même. Même si ce con de Clearblue a écrit en toute lettre pas enceinte après avoir clignoté pendant une éternité. Même si j’ai passé ma journée de boulot cachée dans les toilettes à pleurer. N’empêche. Mes seins le soir venu était toujours là. Et moi j’avais besoin de m’accrocher à cette infime lueur d’espoir.

Le lendemain, la prise de sang a confirmé le pire. Et comme un zombie, j’ai continué ma vie. Parce que le quotidien ne nous offre pas de répit, parce qu’il ne se soucie pas de savoir si notre monde tient toujours debout. J’ai fait ma journée de boulot, j’ai serré les dents à l’innocent « ca va ? » des collègues, j’ai ravalé mes larmes, j’ai essayé de canaliser mes pensées qui me renvoyaient à la figure une vie sans enfants (et pour la petite blague : mes seins ont attendu DPO 17 pour redevenir normaux…).

Trois semaines plus tard, je vais enfin mieux. Je le sais, parce que je n’ai plus les  larmes aux yeux à tout bout de champ. Je le sais, parce qu’après avoir bu un des Cosmopolitan samedi soir, je me suis sentie joyeuse et j’ai ri à toutes les blagues (pas drôles) de Psychoti. Je le sais, parce que quand une habituée au boulot m’a lancé, le regard fixé sur mon ventre « Vous n’étiez pas enceinte, vous ?! Oh, je dois confondre avec une de vos collègues ! » je me suis contentée de balayer l’idée d’un haussement d’épaules. Et dans un sourire, je lui ai demandé en quoi je pouvais lui être utile.

34 réflexions au sujet de « DPO FIVesque »

  1. Des pensées… il faut du temps pour se remettre du traitement, de la ponction, puis de l’espoir… et de l’échec…ce sont des émotions les unes derrières les autres qu’on enchaine si vite mais dur du après…

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  2. A chaque fois on se fait avoir par ces DPO et j’imagine qu’en FIV tout est décuplé… Je suis contente de savoir que tu reprends le dessus même si cet article a un goût amer. Je te souhaite vraiment que l’issue de la prochaine FIV soit bonne et que tu viennes exploser de joie sur ton blog, ça sera tellement mérité!

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      1. Oui moi aussi j’ai buggué quand elle m’a dit ça ! Mais à y réfléchir, c’est logique quand on sait que chaque follicules matures fait pas loin de 20 mm (2 cm !!!). Et qu’on en a une bonne dizaine en FIV…

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    1. Merci Pepita. Oui en FIV on se dit « je ne peux pas avoir vécu tout ça pour ça » et aussi « il me reste si peu de tentatives »… De nouvelles émotions qui s’ajoutent à celles des échecs « normaux ». Mais ca finit pas se digérer (et heureusement !)

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  3. Je suis contente de lire que tu vas mieux Psychota. Il faut parfois malheureusement être dans le creux de la vague pour pouvoir rebondir…ton dernier paragraphe est tellement vrai et révélateur…parfois quelques jours passent, on regarde en arrière et on se dit …tiens mais c’est vrai que ça fait « longtemps » que les larmes n’ont pas coulé et que la morosité ne m’a pas habité! des gros bisous de soutien…j’espère que très très vite tout cela sera derrière vous!

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    1. C’est exactement ça. Souvent mon corps semble me dire mieux que mon coeur ce que je ressens : je pleure avant d’avoir eu le temps de me sentir triste, je ris avant d’avoir pu me sentir gaie. Il sait tout mieux que moi celui-là 😉

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  4. C’est super dur ce qu’on vit et c’est tout à fait légitime de craquer et de déprimer. Ces dpo sont juste une torture et l’acceptation de l’échec un dur travail… Je suis contente que tu ailles mieux et que tu remontes la pente. Courage.

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  5. Ah ces DPO, ces journées qui nous torturent, qui nous font tourner en bourrique. Pour ma part, j’avais toujours un petit saignement signifiant J1 en approche et pourtant j’y croyais toujours. Parce que nous voulons ce foutu positif, parce que tous ces efforts n’auront pas été vains.
    Mais voilà, le résultat négatif nous tombe dessus, il faut bien se rendre à l’évidence et donner l’illusion que tout va bien à notre entourage. C’est très compliqué à gérer et peu de monde peut comprendre.
    « Sympa » la réflexion. Mais les gens sont maladroits et croient tout savoir.
    J’ai aimé ton article car je suis contente que tu te sentes mieux, que tu remontes la pente.
    Plein de bisous Psychota et continues à profiter, à rire (même aux blagues pas drôles de Psychoti !)

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    1. Les gens ne pensent pas à mal avec leur réflexion toute faite… Mais heureusement qu’elle ne me l’a pas dit 15 jours plus tôt, j’aurai éclaté en sanglots ! Et pour le reste, oui, j’ai décidé de profiter de l’été pour tester tous les cocktails que je n’ai jamais encore gouté. Alors il y a de bonnes chances pour que Psychoti me fasse rire souvent 😉

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  6. Je reconnais bien les symptômes post ponction. On nous explique pas/mal les revers de l’opération. Notamment l’air qui rentre et nous ballonne douloureusement. Merci Dr Google. J’ai souffert atrocement du ventre les trois jours qui ont suivi, pas plus inquiète que ça de l’hyperstim mais j’ai quand même appelé mon centre pour savoir si je pouvais prendre du charbon actif. J’avais ordre de me pointer aux urgences si ça empirait. J’ai dégonflé petit à petit. J’ai eu mal aux seins jusqu’au J1.
    Des fois je me dis qu’on devrait écrire un petit manuel pour pmette novice avec l’infinité de questions qu’on se pose… Fastidieux travail… Gros bisous ma copine d’été de repos des ovaires. 😘💚😘💚

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    1. Avec l’ensemble de nos blogs, on l’a notre manuel pour PMette novice 😉 Mais c’est vrai que sur bien des points, la FIV m’a surprise. Même en étant bien renseignée je ne m’attendais pas à vivre ça comme ça… Gros bisous Pénélope

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  7. On gère chacune cette période d’attente à notre façon, et même de façon différente selon les tentatives, j’ai l’impression, et ce n’est pas toujours facile de trouver un équilibre entre espoir et auto-protection… Par ailleurs, quelle délicatesse de la part de ta collègue ! Ça me laisse coite. En tous cas, je suis heureuse de savoir que tu vas mieux maintenant et j’espère que tu profiteras de ton été, avec peut-être de jolies vacances en perspective ?

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    1. Merci Victorienne. Oui de jolies vacances en perspective, bien dépaysantes, mais… Pour fin août ! Va falloir s’occuper jusque là…
      Pour la remarque ce n’était pas une collègue mais une habituée (je travaille au contact du public). Elle ne pensait sans doute pas à mal, elle a dit ça sur le ton du babillage… les gens hors infertilité ne réalisent tout simplement pas !

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      1. C’est vrai… Les gens de font pas exprès. Mais qu’est-ce que ça peut être dur à encaisser parfois… Pour s’occuper, préparer les vacances dépaysantes ? Ou piocher dans la liste d’activités de Nanou ? 🙂

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  8. Oh oui les DPO rendent complètement dingue… Cette attente ces doutes…

    Une info Tres utile a toutes pmettes:

    Quand vous mettez vos ovules de progestérone par voie vaginale, vous sentez (ou non) une boule, c’est le col de l’utérus.

    Mon expérience:
    Premier transfert d’un blasto: col haut le jour du transfert et ce pendant deux jours. Et au bout de ces deux jours, le col hyper bas, mon majeur ne rentrait qu’à moitié. Résultat pds negative.

    Deuxieme transfert d’un blasto ce mois ci: le col est resté haut jusqu’à la pds (hier). Je me suis dis youpi c’est gagné. J’interroge ma gyneco en lui expliquant cette différence entre les deux transferts. Elle me dit c’est bon signe si vous sentez le col en haut!!
    Résultat pds négative.

    Donc si vous psychotez sur votre col en mettant ces foutues ovules, oubliez. Ce n’est pas fiable…

    Donc oui je comprends ton mode zombie activé. J’en suis également une.
    #TeamZombie.

    Bonne chance pour la suite a toi et toutes les pmettes de ce monde

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